Dégénérence Maculaire Liée à l’Age (DMLA) : quand doit-on s’inquiéter ?

Par le Dr Anne PERNOT – Chirurgien ophtalmologiste – Clinique AVICENNE

La DMLA est une affection qui atteint la macula, la zone centrale de la rétine permettant d’assurer la vision centrale ou vision fine. C’est la première cause de cécité chez les personnes âgées de plus de 50 ans. La DMLA est une maladie liée au vieillissement qui touche plus de 25 millions de personnes dans le monde et qui est en augmentation.

La macula transmet 90% de l’information visuelle traitée par le cerveau. Cette petite zone centrale, très riche en cellules visuelles, est responsable de notre acuité visuelle, qu’il s’agisse des détails ou de la couleur.

Il existe deux formes principales de DMLA dites « sèche » et « humide », qui se distinguent par leur vitesse d’évolution, leur type de lésion et leur fréquence :

  • forme « sèche » avec disparition progressive des cellules visuelles de la macula, caractérisée par une évolution lente,
  • forme « humide » avec prolifération de vaisseaux anormaux sous la macula ou néo-vaisseaux ; cette forme est moins fréquente que la forme « sèche », mais son évolution est plus rapide, pouvant conduire à une perte de la vision centrale en quelques semaines ou quelques mois. La vision périphérique du champ visuel reste habituellement intacte.

La DMLA peut, au cours de son évolution, entrainer des symptômes visuels :

  • une baisse de l’acuité visuelle : difficultés à percevoir les détails, lecture difficile, diminution des contrastes,
  • une déformation des lignes droites, qui apparaissent comme ondulées, tordues : métamorphopsies,
  • une tache noire ou grise, dite scotome central, peut apparaître devant l’œil pouvant gêner pour distinguer les éléments, aussi bien de loin comme de près. La DMLA débute en règle générale à un œil avec des symptômes peu perceptibles, car le deuxième œil compense et permet de garder une vision peu altérée. Cela peut conduire au diagnostic à un stade très évolué de la maladie sur le premier œil touché, souvent même lors de l’atteinte du deuxième œil.

Si on présente l’un de ces symptômes, il est important de consulter son ophtalmologiste rapidement afin de faire le bilan de sa vision. Il est essentiel de réaliser un diagnostic précoce de la DMLA.

Des solutions peuvent exister et seront d’autant plus efficaces qu’elles seront réalisées tôt.

Votre ophtalmologiste réalisera un fond d’œil qui permettra de dépister la maladie et, au besoin, des examens complémentaires : rétinographie, tomographie par cohérence optique (OCT) ou angiographie.

Ces examens permettront de différencier la forme de votre maladie et de vous proposer le traitement adapté. Dans les formes atrophiques, une surveillance est instaurée et une prévention est mise en place. Des traitements protecteurs par compléments alimentaires peuvent être proposés.

Dans les formes « humides », une néovascularisation active et évolutive se développe et peut aboutir rapidement à une perte de vision centrale irréversible. Dans ces formes là, votre ophtalmologiste vous proposera un traitement par IVT : injection intra-vitréenne d’anti VEGF.

La substance active de ce médicament contribue à stopper ou ralentir la croissance de ces nouveaux vaisseaux sanguins anormaux par une action sélective sur la paroi de ces vaisseaux. L’injection se fait sous anesthésie topique en goutte dans un circuit dédié. Le traitement débute par une phase d’induction d’une injection par mois pendant 3 mois, puis adapté selon le protocole de soin personnalisé. Ce traitement pourra ainsi se poursuivre sur plusieurs mois et la surveillance sur plus d’un an, cette maladie étant chronique. Il s’agit du seul traitement efficace à ce jour.

Pouvoir intégrer un centre de rééducation de la basse vision ou mal vision est ainsi indispensable pour accompagner le patient et sa famille, l’aider pour conserver son autonomie visuelle, et lui donner les meilleurs outils pour la mise en place de stratégies de compensation. C’est tout le sens de ce qui est proposé par le Centre de rééducation sensorielle HORUS : une prise en charge pluridisciplinaire qui permettra d’avoir recours à des aides optiques, des mesures d’aménagement pour communiquer, se déplacer, mais aussi pour accéder aux loisirs.